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Les achats inutiles

  • Les produits bios

    Sans être écolo-dégoulinant je m’intéresse de près à la qualité de ce que je cuisine mais aussi à la salubrité-traçabilité de ce que je consomme. La redondance des discours politiquement écolo responsable ont fini à modifier non pas mon comportement mais ma réflexion sur le sujet. Peut-être que je suis plus radical que les écolos eux-mêmes et que finalement tout va bien dans la filière et que notre pays est (comme dans tous les domaines) l’exemple et n’a de leçons à recevoir de personne et que les sales autres pays devraient vraiment prendre exemple sur notre politique agricole et alimentaire. Je me suis alors résigné dans un élan d’objectivité presque journalistique à saigner mon budget pour voir dans le vrai ce que sont ces fameux produits « bio » qui inondent le marché (malgré une production confidentielle). Alors sans y croire vraiment, j’ai tenté de contredire mon discours pessimiste et cynique sur la qualité des produits bio .

    En fait je fais autant confiance au label-bio, qu’à la perestroïka ou l’honnêteté intellectuelle de mon député local…

    Je ne pourrais pas me débarrasser de mon scepticisme sur le sérieux et la légitimité de cette filière. Le cœur léger, je me prépare à la désillusion et au cocufiage programmé, je me résous à engraisser un peu cette industrie qu’il faut paraît-il soutenir. Je ne vais pas piquer le boulot des spécialistes, mon seul critère sera l’aspect, le goût, et la transformation subie.

    Bien sûr les petits pots pour bébés labellisés bio ont été rappelés cet été pour non respect de la norme avec risque de désoxygénation de la peau des bébés. Bien sûr les irrégularités et la fluctuation  des cahiers des charges et des normes placent le bio dans un environnement de suspicion mais ça ne date pas d’hier. Les tolérances et les créations de logos et labels trompeurs pourtant sanctifiés par les administrations (compétentes) entretiennent cette défiance justifiée.

    Bref, en revenant des courses, j’ai tenté :

    Le concombre bio. Sous vide, bien gaîné dans son condom plastiqué-labellisé, patché , très sexy. Curieusement il a la même tête que le standard, une fois épluché il semble bien moins gorgé d’eau, la chair est presque sèche en comparaison. L’extraction des pépins rend moins d’eau et la texture est bien plus serrée. A la dégustation on a un vrai gout de concombre assez fort qui n’a d’ailleurs pas séduit nos ados. Curieusement ils préfèrent le concombre standard, flasque et gorgé d’eau. Faut dire que les ados, le mou, ils kiffent grave. Bon point pour le concombre bio.

    Les carottes bio. Soigneusement irrégulières, en sac plastique, avec quelques traces de sable. J’en ai jeté trois sur le kilo. Elles ne m’ont pas convaincu. A croquer natures ou râpées et assaisonnées elles réagissent comme les vilaines carottes, elles ramollissent, rendent du jus et n’ont pas de goût spécifique. Bref, la carotte bio après avoir ruiné toute la propreté du plan de travail en l’enveloppant  d’un voile d’argile et en prime noirci le creux de vos ongles, se présente comme une carotte lambda.

    Le poivron rouge bio. Bien brillant dans son plastique (merci la taxe carbone)  et affublé lui aussi des logos accrocheurs et de son prix digne de figurer au palmarès des folies onéreuses . Le poivron bio c’est carrément « marché noir », voire «délit d’initié » et carrément « bling bling ». Pour jouer le jeu réglo, je décide d’attendre deux jours pour le travailler (il n’est pas dit que le bio est doté d’une fonction autodestructive qui s’enclenche dès le passage en caisse. Bref, comme convenu et 48 h plus tard, je me lance, non sans émotion je l’avoue. J’ouvre l’écrin pétrolifère, pas de bol, sur les deux poivrons, l’un des deux est taché. Je ne râle pas, je joue le jeu… Épluchage et ouverture. Un tiers du premier poivron montre une chair attaquée par la décomposition. Je tranche et je jette, sans avoir parlé à ma poubelle, pour qu’elle apprécie le déchet noble que je lui offre. Je ne suis pas pingre, je fais seulement gaffe à la manière de dépenser mon pognon. Mais là, j’avoue ça m’a fait mal. Côté cuisine, la chair pas plus sèche, pas plus humide qu’un bon vieux poivrons d’Espagne bien ciré et regorgeant de chimie high tech. Franchement le poivron bio, c’est juste bon pour le moral de celui qui le vend.

    Pour panser mes déceptions, et suite aux révélations dénigrantes sur le Nutella qui m’ont aidé à décrocher de l’addiction quaternaire à ce produit satanique, je cherche un pis-aller qui mettra ma conscience en lieu sûr. Je craque sur la pâte à tartiner bio. En consommateur soudainement transfiguré et labellisé citoyen et éco responsable, instantanément passé dans le camp des gentils,  je regarde la composition de la dite pâte à tartiner bio. Le prix, lui il n’est pas équitable : carrément du double au triple (à deux vaches près) en comparaison avec les autres marques. Il faut reconnaître que cette pâte contient 30% de cacao (mais on ne sait pas si c’est le beurre, le tourteau, la pâte de cacao..) quant au reste je suis dubitatif… A peine rentré avec la nourriture céleste pleine de promesses de plaisirs, celle qui est réservée à l’élite, je dégoupille et avec une grande confiance, je plonge une cuiller à soupe modèle goinfre et ingère avec une gourmandise anticipée la matière… Beurk, beurk, beurk, bien sûr je ne m’attendais pas à trouver les goûts standards mais au moins quelque chose de goûteux. Gras et pâteux à souhait, loin du bon vieux pastador intact dans mon souvenir. Mais c’est vrai qu’il est plus difficile d’émettre une juste opinion sur des produits transformés.

    Bref, pas l’extase, le Bio ! Mis à part le prix qui, lui, est vraiment différent, je n’ai pas été convaincu par cette expérience. Sur 4 produits testés, un seul a retenu mon attention. Sans doute les accros, autosuggérés de la suprématie qualitative de ces produits bios trouveront je l’espère à me contredire. Je reconnais avoir du mal à entrer dans la complexe idéologie parfois manichéenne du bien et du mal en matière de consommation, mais je retenterai l’expérience. En attendant, le bio, il faudrait que ce soit déduit des impôts !                                                           

    J-M D

  • Les appareils inutiles de votre cuisine

    Qu'ils aient été achetés par vous ou pour vous !!!

    Ils vous ont déjà bien tondus jusqu’à la couenne et ce plusieurs fois (vu que la laine ça repousse bien), et  vous aviez pourtant juré de ne plus vous faire avoir mais faibles que vous êtes, vous craquez à chaque fois. Pourtant à force de voir ces appareils devenus si vite encombrants, sales et inutiles vous aviez juré de ne plus vous faire prendre. Hey hey hey  (ahahah ! in French). Mais non, pensez-vous, après avoir sacrifié votre budget à l’achat de matériels vraiment importants et utiles pour votre cuisine comme le Robot mélangeur (le Kitchen Aid, le Magimix, le Robot-Coupe..) et  la plaque induction et les casseroles et poêles compatibles, et aussi pendant qu’on y est l’achat de beaux couteux et d’autres outils soi disant pro, votre vice est revenu très vite. Claquer votre pognon pour votre cuisine ! Mais vous avez négligé une partie de vous-même qui n’a pas encore été vraiment exploitée par les marchands de choses, je veux dire votre sentimentalité dégoulinante. Vous seriez de si bonnes personnes si vous faisiez mieux que l’agro-alimentaire, et  les fabricants de matériels l’ont très bien compris et ont sorti à tour de bras et en un tournemain une panoplie impressionnante de gadgets encombrants. Pauvres de vous !

    L’animal bouge encore et le crédit revolving ce n’est pas fait que pour les chiens, les moutons en raffolent. Alors , après la machine à pain qui compte légions de fans, vous vous êtes offert la  friteuse sans huile, les mijoteuses, les tajines électriques, les cuiseurs de riz, les cuiseurs de confiture, les appareils à gaufres, à croques, les planchas électriques, les appareils à raclette, les appareils à crêpes individuelles, le cuiseur vapeur triple niveau avec fonction multivitamines ,friteuse semi pro, l’appareil à hot dog, à fondue ,et j’en oublie (la pompe à bière, la pompe à vin , le barbecue électrique, le cuiseur à œufs électrique…) ceci dit vous êtes bien passés à l’IPod et l’Ipad en cuisine… Vous pensiez avoir atteint le fond, bah non, il vous en faut plus, toujours plus…alors continuons gaiement  vers l’Ubuesque Ridicule mais pas du tout, Culinaire!

    Je m’arrête un instant, car, je le sais, vous attendez de ma part maintenant une salve nourrie de noms d’oiseaux et de métaphores saignantes… Non il n’en sera rien, je ne m’acharne pas sur une bête déjà mal en point ! Mais c’est vrai, reconnaissez que vous ne faites rien pour stopper ce flot de reproches justifiés. Oui, je trouve ça vraiment stupide de reléguer des tâches singulières qui incombent  à la simple casserole multifonction et increvable et à la surveillance bienveillante des sens humains (obtenus  gratuits et sans licence le jour de votre naissance) depuis la nuit des temps. Oui, ça me met en colère de vous voir abandonner sans résistance votre libre arbitre à de la technologie antique fabriquée en Chine. Vous en redemandez de ces minables minuteries et de leurs conseils d’utilisation à deux balles adaptés par des pseudos cuisiniers aux ordres d’ingénieurs fous qui ivres de téflon et de céramiques antiadhésives révolutionnaires (la même céramique qui sert à protéger la navette spatiale…  – juré je l’ai entendu !), vous  inventent d’inutiles appareils qui trouveront bien assez de naïfs pour les acheter tout en se persuadant de leur imminente utilité.

    Mais je n’ai pas fini, cet inventaire à la Prévert déjà édifiant ouvre la porte à une espèce de frénésie délirante, la laine, ne leur suffisait plus, ils s’attaquent carrément à la matière calcaire qui forme votre squelette et la liste affligeante qui suit, se suffit à elle-même :

    Fontaine à chocolat – Machine à Pop-corn – Machine à Barbe à Papa – Bombe à limonade et eau gazeuse – kits pour macarons/cocotte/verrines/perles d’alginates… et la nouveauté, le scoop c’est bien cette pathétique machine à fabriquer vos propres barres de céréales… (Silence lourd et malaise palpable chez ceux qui l’ont déjà achetée…) et c’est prophétique, ça ouvre le champ vers combien d’autres débilités ? Je vous le demande ! On atteint encore un cran supplémentaire de l’idiotie et de la consommation poussée à l’extrême. Je suis triste pour vous et je ne vous affligerais pas des qualificatifs qui pourtant se marieraient bien à votre état d’hypnotisés de la surconsommation, car quelques-uns frétillent déjà de savoir où se procurer cette machine. J’ai mal pour vous !

    En pensant que le fait de former ces barres de céréales vous valorisera auprès de votre famille et vous affranchira des produits de l’agro-alimentaire afin que vos enfants ne deviennent pas de petits obèses chouchoutés par des desperate housewives bien pensantes, vous vous mettez le doigt dans l’œil jusqu’au coude !

    Il vous faudra plusieurs années pour amortir cet appareil, comme tous les autres, sauf si vous adoptez un régime frénétique exclusivement constitué de barres de céréales préformées. De plus vous devrez essuyer les reproches de votre conjoint qui n’était pas convaincu, si toutefois ledit conjoint possède encore une lueur de réflexion intacte. Alors avant le divorce, procédez donc à l’inventaire de la ribambelle d’appareils devenus inutiles qui encombrent le grenier, ou les placards de votre magnifique cuisine équipée et en attendant  la machine à fabriquer les croquettes pour chiens, je vous laisse avec vos vilain joujoux !    

     

    JM D